Installé depuis juin dernier à Paris, l’European Business Accelerator vise principalement d’ex cadres sup ayant un projet de création ou de reprise de start-up.

Avis aux créateurs, l’European Business Accelerator (EBA) cherche de nouveaux projets à accompagner. Un accélérateur de start-up de plus à Paris ? Oui. Sauf que, pour une fois, ne sont pas visés les jeunes créateurs du web en jean et basket mais d’ex cadres supérieurs en costume-cravate. La vocation de cette structure européenne (*) installée depuis cet été au cœur de Paris est d’aider des quadras/quinquas en reconversion à créer ou reprendre une start-up ou même intégrer une entreprise de croissance dans un poste opérationnel.

Echappant au radar de la plupart des incubateurs et autres pépinières d’entreprises existantes, cette cible de « seniors » est pourtant loin d’être négligeable. « A Paris, il existe une population importante de cadres et dirigeants en rupture professionnelle disposant d’un haut niveau de compétences, d’une forte expertise, éventuellement d’un réseau et souvent d’un capital à investir », explique Gilles Bouchard, le dirigeant d’EBA.

Sélection drastique pour formation à la création de haut-vol

Le candidat n’a pas besoin d’arriver avec une entreprise en cours de création, il peut aussi en être au stade de l’idée. Mais ne rentre pas à l’EBA qui veut. Outre la rédaction d’un dossier de candidature classique, il faudra passer trois entretiens dont un dernier devant un comité de sélection pour prouver ses capacités à affronter les incertitudes, à anticiper et à prendre rapidement des décisions, à manager une équipe, notamment. Si le candidat franchit tous ces obstacles, il va pouvoir démarrer le programme. A condition d’avoir quelques économies devant lui. Car le cout est de « 20 000 à 40 000 euros », selon les profils.

Mentoring intensif de 4 mois

Pour ce prix là, le porteur de projet va bénéficier d’un mentoring intensif de quatre mois, dispensé dans les locaux de l’accélérateur parisien ou en ligne. Les experts qui vont le suivre ne sont pas n’importe qui : anciens d’Harvard Business School ou d’autres grandes écoles, ils présentent « une triple expérience grands groupes, start-up et capital investissement ». Mise à niveau des basiques de l’entreprenariat, séances type « retour d’expérience », sessions thématiques (comment piloter l’équipe d’une start-up, comment gérer la trésoreried’une start-up …) … l’objectif sera de mettre en condition technique et psychologique ces cadres qui veulent entreprendre. « On y joue les sparring partners, comme en boxe, pour faire acquérir à chaque dirigeant les caractéristiques et qualités d’un entrepreneur », précise Gilles Bouchard qui ajoute que l’EBA ne prend pas de participation dans les start-up évitant à celles ci toute dilution de leur capital au départ.

Un vivier de 200 entrepreneurs-investisseurs et de centaines de start-up

Dans le cas de projets innovants sur des marchés en pleine évolution, la méthode EBA consiste à tester et confronter l’idée ou le concept à des clients potentiels dans une permanente remise en question (voir témoignage dans l’encadré). Ce qui va permettre de transformer l’« invention » en un produit commercialisable et limiter ainsi les risques d’échec commercial.

Enfin, l’autre grand intérêt de cet accélérateur est de pouvoir s’appuyer sur un réseau de « 200 entrepreneurs-investisseurs et de centaines de start-up innovantes ». Dans ce vivier international, l’EBA se fait fort de trouver un éventuel partenaire qui pourra rendre le projet encore plus puissant ou ouvrir de nouvelles perspectives. Comme cet ex-cadre dirigeant dont le projet initial était de monter une chaîne de restaurants aux Etats-Unis et qui va peut-être lancer la filialeeuropéenne d’un groupe de restauration américain.

Témoignage  : « Rentrer rapidement dans une phase opérationnelle ».
Créateur en solo d’une activité high-tech (algorithme dans le domaine du Big Data), ce quadra fait partie des premiers créateurs embarqués dans l’EBA. Ingénieur polytechnicien de 43 ans, ex-directeur de programme au sein d’un grand groupe de télécommunication, il n’a pas trouvé dans les incubateurs classiques l’accompagnement approfondi qu’il désirait. « Ce qui m’a séduit ici, c’est le principe de la double commande. Le mentor va piloter avec vous votre start up comme si c’était la sienne », explique-t-il.
Autre point fort de la méthodologie, selon lui, le projet est immédiatement confronté au marché. « On se rend compte qu’un aspect que l’on croyait majeur intéresse moins le client qu’un autre sujet que l’on avait un peu sous-estimé, par exemple. Cela permet d’avancer sur son projet et de rentrer rapidement dans une phase opérationnelle ». Le créateur est d’ailleurs « sur le point de signer avec deux clients » alors qu’il n’est pas encore sorti de l’incubateur. Le fait de tester l’idée à l’extérieur permet aussi, selon lui, de multiplier les opportunités de partenariat. « Au delà de l’aspect financier, c’est, par exemple, rencontrer une personne dont les compétences complémentaires vont rendre votre projet encore plus attrayant ».

* L’EBA est membre associé de l’European Business & Innovation Centre Network créé en 1984 à l’initiative de la Commission Européenne

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