On parle quotidiennement d’innovation dans les grands groupes. On en parle peu dans les startups où on la vit au quotidien. Propos très caricatural s’il en est …
Est-ce pour autant que l’on puisse dire que l’on n’innove pas dans les grands groupes ? Certainement pas si l’on juge la taille à laquelle ils sont parvenus. C’est une évidence de dire qu’entrepreneurship et innovation sont totalement liés. A l’origine de toutes les entreprises, quelle que soit leur taille, ils partagent le même objectif de création ou d’optimisation de produits, de services ou de processus. Ils renvoient à même état d’esprit et à une même dynamique d’action.
Si l’on en parle autant d’innovation, notamment dans le contexte de crise et de bascule des pôles de croissance dans lequel nous vivons, c’est essentiellement pour deux raisons.
Deux raisons majeures d’innover pour les grands groupes
Première raison : la croissance rapide des pays émergents, (BRIC) et CIVETS (Colombie, Indonésie, Vietnam, Egypte, Turquie et Afrique du Sud), qui constituent tout autant des nouveaux concurrents, que des marchés où s’implanter ou renforcer sa présence.
Maintenir son avance technologique sur ces pays et pallier le faible niveau de leurs coûts de production passe par l’innovation dans tous les domaines porteurs dans lesquels nous disposons d’avantages comparatifs solides.
Deuxième raison : les nouvelles technologies Internet Media Telecom transforment et optimisent la chaîne de valeur de bon nombre d’activités, des retards restant à combler alors que les nouveaux entrants démarrent souvent de nouvelles activités en capitalisant sur les expériences existantes et en intégrant dès de départ ces nouvelles technologies dans tous leurs processus, de la production en passant par la commercialisation et la distribution.
Ces nouvelles technologies ont également pour effet d’accélérer les cycles d’activité mais également de transposer dans les marchés à cycles longs (bancassurance par exemple) la logique de fonctionnement de marchés à cycles courts (Internet Media Telecom par exemple) ; l’innovation par la digitalisation et l’amélioration permanente des processus et des modèles d’organisation restant un élément central des stratégies à court comme à moyen et long terme.
Au-delà de ces deux raisons majeures d’innover, il est important de bien comprendre les composantes de l’esprit d’innovation dans les startups et les grands groupes.
Principales caractéristiques de l’esprit d’innovation dans les startups et les grands groupes
Dans une startup, l’entrepreneurship est synonyme de prise de risque, d’esprit d’initiative, d’audace, d’agilité et de rapidité, de détermination, de constance …
Il se caractérise surtout par la capacité à détecter ou anticiper des opportunités d’innovation et de développement là ou d’autres experts ou d’autres structures ne voient qu’immobilisme, absence de perspectives de développement, marchés saturés et difficultés de tous ordres …
Dans les grands groupes, à l’exception de ceux qui disposent de laboratoires et de structures de R&D conséquentes en raison de la nature même de leurs activités, industrielles ou technologiques, cet esprit d’initiative et d’innovation est souvent dominé par un état d’esprit managérial qui s’explique tout naturellement :
Là où un dirigeant de Business Unit doit assurer la meilleure rentabilisation des ressources qui soit dans le cadre des budgets qui lui sont alloués, un dirigeant de startup prend un risque personnel d’une autre nature en investissant ses propres fonds.
Là où un dirigeant de Business Unit met en œuvre une stratégie définie dans le cadre des orientations du holding de tête du Groupe dont il fait partie, un dirigeant de startup agit sans filet de sécurité, en bâtissant sa propre stratégie à partir d’une vision reposant sur sa propre perception des mouvements de son environnement. Une stratégie intrinsèquement audacieuse et risquée, dont la réussite dépend tout autant de sa pertinence que de la rapidité de son exécution et du caractère limité de ses ressources financières.
Cette apparente dichotomie entre dirigeant de startup et de Business Unit s’estompe dès lors que sont crée les conditions d’une innovation dynamique, sachant que les entrepreneurs qui ont travaillé dans de grandes structures bénéficient d’un avantage non négligeable s’agissant de bien appréhender leur complexité, leur fonctionnement et leur culture.
Au-delà de ce constat, il est clair que les startups et les grands groupes disposent chacun d’avantages spécifiques et finalement assez complémentaires en matière d’innovation.
Une startup est innovante de par une série de caractéristiques parmi lesquelles :
- Sa pratique innée de l’intelligence collective et du partage des connaissances, favorisée par sa petite taille,
- La flexibilité de son organisation, la digitalisation de tous ses process et la très grande réactivité de ses équipes,
- Sa capacité à prendre des risques, certes mesurés, mais importants,
- Sa motivation érigée en valeur quotidienne dans la mesure où il en va de sa survie,
Un grand groupe est innovant de par :
- L’importance et la variété des ressources dont il dispose pour innover, à condition d’en faire le cœur de sa stratégie,
- La possibilité que lui offre sa surface financière de prendre davantage de risques qu’il peut ainsi amortie en cas d’échec,
- Les actifs complémentaires dont il dispose pour capitaliser sur ses innovations (réseaux de distribution notamment).
De cet essai comparatif peut se déduire une certaine complémentarité des grands groupes et des startups dans certains secteurs très innovants tels que les Sciences du vivant (Infectiologie, cancérologie, neurosciences, micro-nanotechnologies, génomique fonctionnelle, etc.),le Cleantech (Eco-contruction, recyclage, acoustique/vibrations, éclairage, Eau/Air/Sol, Solaire, etc.) ou le HiTech (TIC, Images, Data Centers, etc.).
Mais cette complémentarité ne doit pas conduire à passer sous silence l’impérieuse nécessité de renforcer la dynamique entrepreneuriale des grands groupes dans le contexte de concurrence de plus en plus vive qu’offre la perspective d’une bascule des pôles de croissance mondiaux. Ce renforcement passe par un transfert aux grands groupes de la logique d’entrepreneuship et d’innovation des startups.
Gilles Bouchard
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