Que ce soit en Europe ou aux Etats-Unis, l’industrie des soins de Santé est à la croisée des chemins. Et les risques de prendre de mauvaises directions ne sont pas à négliger.

“Watch up the gorilla in front of you ! 

Bâtir ses prévisions futures à partir de son expérience passée, tout en restant concentré sur ses problématiques opérationnelles du présent. Voilà le cocktail le plus explosif pour être atteint de cécité lorsque les forces du changement multiplient leurs incursions autour de vous.

Deux tiers des groupes industriels reconnaissent que leurs organisations ont été prises de court par plus de trois percées concurrentielles significatives au cours des cinq dernières années.

Raison de plus pour penser que les acteurs privés ou publics de l’industrie des soins de Santé sont logés à la même enseigne. Mais qu’en est-il exactement ?

En guise de réponse à une croissance exponentielle et simultanée de la demande et des coûts, des réformes d’ampleur ont été lancées aux Etats-Unis comme en Europe. Celles-ci devraient avoir deux conséquences majeures :

1ère conséquence : pousser les fournisseurs de soins et les assureurs à repenser de fond en comble leurs propositions de valeurs et leurs business models.

2ème conséquence : stimuler de lourds investissements en matière de technologies de l’information avec pour objectif d’améliorer bien entendu la qualité des soins, mais également de réduire les coûts tout en renforçant la connectivité entre acteurs et l’agrégation d’informations.

Deux conséquences qui sonnent en forme d’alarme pour les acteurs de l’industrie des soins de Santé et tout particulièrement pour les assureurs coutumiers de mutation stratégiques lentes.

Et pourtant, il va leur falloir projeter leurs stratégies dans des futurs multiples tout en discernant les forces de changement qui s’agitent à la périphérie de leur activité et de leur industrie, voire même en dehors de celle-ci.

Il va leur falloir trouver de nouveaux business models, construire de nouvelles infrastructures qui puissent accélérer le développement de leurs produits, et surtout intégrer davantage une logique de marchés de masse où l’expansion peut se faire sur des marchés contigus à leurs marchés captifs.

Un défi majeur qu’il convient de relever à l’heure même où la récession vient heurter durement leur situation financière.

Le défi majeur des Technologies de l’Information

Les technologies de l’information ont été intégrées par l’ensemble des acteurs de l’industrie des soins de Santé de façon plus ou moins homogène. Compte tenu de leur rapide évolution, une véritable modernisation/refonte de leurs applications doit être conduite en profondeur en vue de faire des acteurs les plus en pointe de véritables agrégateurs d’information pour une meilleure qualité des soins et une réduction des coûts de prises en charge.

Il s’agit d’un enjeu de taille, tout particulièrement pour les assureurs pour lesquels l’innovation reste tributaire d’un certain nombre de freins parmi lesquels :

  • des vagues de consolidation qui ont monopolisé leurs énergies sur des économies d’échelle plus que sur de l’innovation à proprement parler,
  • une réglementation lourde et complexe s’opposant à une certaine « malléabilité stratégique »,
  • des intérêts concurrentiels divergents entre les différentes parties prenantes du marché des soins de Santé,
  • et surtout une certaine lenteur à adopter des standards d’information à la pointe des évolutions technologiques en vigueur dans d’autres secteurs industriels et de services (aéronautique, automobile, Internet Media Telecoms).

Quoi qu’il en soit, dès lors que les technologies de l’information relatives à la Santé deviennent de plus en plus précises et répandues, de nombreuses entreprises et institutions sont contraintes d’en intégrer le potentiel de développement et de changement.

Un puissant potentiel de développement et de changement

Potentiel de développement s’agissant de produits qui sont de plus en plus considérés comme des biens de consommation courante, soumis à une plus grande transparence et où la comparabilité des offres et des prix permet de développer des stratégies consuméristes très mouvantes et peu enclines à la fidélisation.

Potentiel de développement s’agissant de l’ubiquité des réseaux sociaux, des smartphones et des tablettes permettant une collecte d’informations de soins de Santé plus rapide et plus exhaustive et donc des interventions et des prises en charge plus efficaces pour le plus grand bénéfice des patients et des praticiens.

Potentiel de changement s’agissant des acteurs dont les processus doivent être redimensionnés en permanence et de façon plus proactive, avec tout ce que cela implique comme interrogations et pré-requis :

En termes de management

  • Le mode de management  des dirigeants favorise-t-il la réussite d’une intégration de Technologies de l’Information ?
  • Les dirigeants sont-ils en mesure de faire partager une vision de leur entreprise ou de leur institution suffisamment claire et forte pour mobiliser les salariés, faciliter et ancrer le changement ?
  • Le comportement des dirigeants reflète-t-il cette volonté ?
  • La personnalité des dirigeants favorise-t-elle certaines orientations de l’organisation au détriment d’autres ?
  • Le mode de management des dirigeants tient-il lieu de référence au sein de l’organisation et tend-t-il à être reproduit aux niveaux inférieurs ?
  • Quelle est la volonté réelle de changement du management ?
  • Quelle est la réaction habituelle du management face au changement et à la prise de risque ?
  • Quelle est habituellement la sensibilité des instances dirigeantes aux nouvelles méthodes de management des hommes et des projets ?

En termes de stratégie

  • Les dirigeants s’appuient-ils sur un projet d’entreprise clair et mobilisateur ?
  • Les collaborateurs adhèrent-ils à la stratégie et en ont-ils une vision claire ?

En termes de structure

  • La structure définit-elle de façon optimale la manière dont les ressources sont organisées ?
  • Les problèmes d’interface entre celles-ci sont-ils bien maîtrisés ?

En termes de culture

  • Quel est le degré d’attachement aux valeurs sociales de l’entreprise : sentiments d’appartenance à un métier, à l’entreprise, attachement aux valeurs de solidarité, de convivialité, mœurs sociales, politique de règlement des conflits, relations avec les instances sociales ?
  • Quel est le degré d’attachement aux valeurs professionnelles : respect du client, du produit, polyvalence ou spécialisation du personnel, ponctualité, respect des procédures et des consignes, prise en compte du temps, des coûts, de la qualité dans les réflexions ?
  • Quel est le  vécu de l’organisation et du management : historique de son mode de fonctionnement et de création, efficacité de l’organisation ? Centrée sur le client, le profit, le personnel ? Reconnaissant l’initiative ? Mode de management dominant : distance, participation, esprit d’équipe ?

Autant dire que les chantiers sont de taille et les enjeux considérables pour une industrie qui doit faire face à deux tendances exponentielles :

  • la croissance du coût des traitements médicaux (les nouveaux traitements issus du secteur des biotechnologies ont des coûts de 10 à 20 fois supérieurs à ceux correspondant aux traitements conventionnels)
  • et la croissance de la demande de soins de Santé de qualité pour des populations vieillissantes.

Deux tendances de fond pour lesquelles les Technologies de l’information de dernière génération constituent une rupture salutaire.

Gilles Bouchard

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