L’EBA à l’ANJA-IHEDN – La créativité, source de soft power pour la France ?
La créativité source de soft power – Le cas de Paris et de la mode
Avec Frédéric GODART – Docteur en sociologie de l’Université Columbia.
La France peut s’enorgueillir d’être, avec plus de 85 millions de visiteurs en 2014, la première destination touristique mondiale. C’est que la France occupe une place particulière dans l’imaginaire collectif mondial : pour beaucoup elle représente un patrimoine artistique unique, des paysages exceptionnels, une gastronomie rare… Pour certains elle est aussi le centre mondial du luxe et de la mode, une industrie qui représente à elle seule de 5 à 10% de l’économie mondiale et se situe au cœur des industries créatives qui sont une des forces de l’Union Européenne dans son ensemble. Mais cette prééminence qui remonte à la cour du Roi-Soleil est battue en brèche par Londres, New York, Milan et un nombre de plus en plus important de « villes créatives » qui de Pékin à Sao Paulo s’affirment dans l’espace mondial et par là-même projettent aussi le pouvoir de leur pays.
Ce sentiment de déclin relatif de Paris dans la mode (partagé par de nombreux observateurs) s’accompagne d’un constat d’ensemble parfois assez sombre sur les performances et perspectives du pays dans les industries créatives : Londres et New York ont plus de musées internationaux, les paysages Américains attirent de plus en plus, les meilleurs restaurants sont espagnols ou danois… Un récent classement des écoles de mode, où Paris ne brille pas par sa présence, semble sonner le glas de la position « monarchique » de Paris dans le monde de la création.
Pourtant, la présence à Paris de grands groupes du luxe et de la mode tels LVMH et Kering, l’influence de la langue française dans le domaine, l’existence d’un vivier de talents important en France font qu’un constat défaitiste ne va pas de soi. Comment alors évaluer la position de Paris—et partant l’influence de la France—dans la mode ? Où se situe-t-elle par rapport à ses principaux concurrents ? Partant de cette évaluation, quelles sont ses forces et faiblesses, ses menaces et opportunités ? Une approche pour répondre à ces questions est de réaliser un classement multicritère des capitales de la mode dont les fondamentaux (sources, critères…) seront ici exposés.
Frédéric Godart, normalien, diplômé de Sciences Po Paris, docteur en sociologie de l’Université Columbia à New York, Habilité à Diriger des Recherches en gestion (Université Paris-Dauphine) est professeur de psychosociologie des organisations à l’INSEAD. Il est l’auteur de nombreux articles et livres sur la créativité, le luxe et la mode. Pour en savoir plus : http://faculty.insead.edu/frederic-godart/