Entreprendre, c’est bien entendu créer une entreprise, mais c’est également placer son action dans une dynamique entrepreneuriale, tout spécialement lorsque l’on est en phase de transition professionnelle, voulue ou subie.

Donner au risque sa juste mesure

Quels risques prend-on à entreprendre ? Aucun, lorsque l’on y réfléchit posément avec tout le recul nécessaire.

Risque temporel ?

Que représentent quelques mois de mise en posture entrepreneuriale dans un parcours professionnel entrecoupé de périodes d’inemploi dont la durée peut s’étaler sur une ou plusieurs années qui peuvent être perdues à tenter vainement de redupliquer les mêmes schémas ? Parfois les mêmes erreurs, qui consistent à essayer de suivre une trajectoire que l’on pensait tracée à vie, dans les mêmes structures, les mêmes secteurs. Et cela sous couvert de rechercher sécurité dont la nature ne fait désormais plus partie du paysage professionnel.

Risque structurel ?

Que représentent quelques mois de mise en posture entrepreneuriale dans un parcours professionnel passé souvent dans de grandes structures qu’il est souvent vain de vouloir rejoindre à nouveau dans des fonctions et des niveaux de rémunération similaires ? Il faut sortir de cette logique tabou selon laquelle on ne pourrait envisager – comme cela se fait couramment aux États-Unis – de passer d’un grand groupe à une startup et inversement. Il est fort probable que les évolutions économiques et technologiques actuelles nous y conduisent de toute façon à une marche forcée. Tout ne passe pas et passe de moins en moins par le clonage des profils et des expertises.

Ce discours semble de plus en plus difficile à tenir au regard de la rareté des emplois traditionnels et des mutations structurelles qui s’opèrent au plus profond de l’exercice des métiers, quels qu’ils soient. Jusqu’à des activités dont les business modèles semblaient apparemment immuables – comme les taxis ou l’hôtellerie – qui essuient les coups de boutoir de nouveaux modes opératoires mis en œuvre par de nouvelles sociétés on line dont certaines sont valorisées plusieurs milliards de dollars.

Risque d’image et peur du changement de statut social ?

La portée du « qu’en dira-t-on ? » ne doit pas être sous-estimée et peut se révéler dévastatrice pour celui qui se laisse prendre au piège. Mais à l’évidence, ce type de considération n’atteint que celui qui s’y prête. Et même si le traumatisme d’une rupture professionnelle est bien réel et difficile à vivre, il faut en sortir le plus rapidement possible, car celui-ci a nécessairement un terme et revêt après coup une dimension toute relative, à l’instar de toute difficulté surmontée.

Risque financier ?

Quant au risque financier, il peut être bien maîtrisé, voire extrêmement réduit aux particularités françaises du dispositif de protection sociale et des différentes aides incitatives de l’État.

Décider de faire enfin ce que l’on veut

Décider de faire ce que l’on veut sans se soucier outre mesure du jugement ou de la perception que peuvent en avoir les autres. C’est probablement le meilleur moyen de puiser au fond de ses ressources pour choisir de faire ce pour quoi l’on est réellement fait. À condition bien entendu de prendre le soin d’aligner ses aspirations et ses motivations sur ses compétences.

Alors, autant se souvenir du mot de Talleyrand lorsque, disgracié à Valençay, il disait : « Ce n’est pas de repos que je sens le besoin, mais c’est de liberté. Faire ce que l’on veut, penser à ce qu’il plaît, suivre sa pente au lieu de chercher son chemin ». Décider de faire ce que l’on veut permet sans aucun doute de s’affranchir d’un certain nombre de pesanteurs pour élargir le champ des possibles.

Oser se placer dans une dynamique entrepreneuriale

Oser se placer dans une dynamique entrepreneuriale, c’est avant tout décider de conduire son processus de transition ou de reconversion selon un mode différent de ce qui se fait actuellement. Pourquoi ? Parce que lorsqu’un mode opératoire commence à s’éroder, il faut l’ajuster. L’exemple des États-Unis est à cet égard assez intéressant (voir Les Échos – « L’outplacement tient-il ses promesses ? Retour de l’expérience américaine »).

Concrètement, cela signifie deux choses. La première, c’est qu’il convient de se renforcer dans la conviction que la création ou la reprise d’une entreprise (sous réserve bien entendu d’en avoir la capacité et la volonté), ou tout simplement la cofondation ou l’intégration d’une start-up ou d’une entreprise de croissance dans un poste opérationnel ou fonctionnel, peuvent constituer l’une des meilleures options de reconversion pour un cadre ou un dirigeant de 40 ans ou plus. Encore faut-il s’assurer que l’on est fait pour cela.

Transposer son cœur d’expertises dans une perspective entrepreneuriale

Cela ne se décide pas sur une simple intuition, même si la volonté et la motivation restent déterminantes. Le plus important est certainement de pouvoir mettre ses réalisations et ses expertises en perspective de ses aptitudes et de ses compétences entrepreneuriales. Parmi celles-ci, la capacité à faire face à un grand nombre d’incertitudes auxquels on n’est ni habitué, ni préparé, si ce n’est mentalement. La faculté à anticiper et prendre des décisions rapidement, avec des informations souvent très partielles (essentiel quand il s’agit de s’insérer dans un terrain de jeu qui est déjà occupé par des acteurs en mouvement, très au fait de la partie qu’ils jouent et ne souhaitant pas voir entrer de nouveaux joueurs venant perturber un ordre établi fondé sur des flux de savoir-faire, de technologies, de produits et de services en perpétuelle évolution. Cet ordre établi dont ils savent pertinemment que vous êtes potentiellement capable de le modifier à votre avantage si vous en avez compris tous les ressorts et tous les arcanes).

Adaptabilité, détermination, constance, courage, capacité à ne jamais abandonner. Capacité à se créer son propre modèle de succès et d’échec. Empathie et capacité à transmettre à ses associés et collaborateurs passion, esprit du risque et exemplarité, dans les succès comme dans les échecs.

Ces aptitudes à entreprendre doivent pouvoir s’analyser et se tester « in vivo », au contact d’entreprises en cours de création, de lancement ou de développement.

Et s’il s’avère que l’on n’est pas fait pour entreprendre, il est clair qu’une immersion dans une dynamique entrepreneuriale vous transforme forcément de façon très positive, aussi bien sur la façon de travailler et d’appréhender les problèmes et les personnes que sur la perception que vous pouvez donner de vous-même.

Placer résolument ses actions dans une spirale ascendante

Il y a tout à gagner à conduire son projet en mode de fonctionnement start-up, en se confrontant à des entrepreneurs et des investisseurs qui ont une expérience des grands groupes, mais également des start-ups et du capital investissement.

Dans le même état d’esprit, côtoyer l’équipe d’une start-up en cours de lancement constitue une expérience irremplaçable pour comprendre et s’adapter aux processus et aux codes de fonctionnement de petites structures très agiles, capables de se mouvoir dans des secteurs où les ruptures technologiques ou d’usage attaquent de plein fouet les métiers traditionnels.

C’est probablement l’un des meilleurs moyens d’intégrer une startup ou une entreprise de croissance et dans tous les cas de rebondir à partir d’une expérience singulière dont la valeur est sans commune mesure au regard de longs mois passés à réarticuler son CV et à éplucher les petites annonces.

Gilles Bouchard
Louis Catala

Accelerators & Incubators, accelerateur, incubateur, entrepreneur, entrepreneurship, Executive Business Accelerator, Gilles Bouchard, Harvard Business School, Harvard Business Angels, innovation, Louis Catala, reconversion, startups, Audra Shallal, expertise, entrepreneur investisseur, développement, international, entreprise de croissance, accompagnement cadres et dirigeants, cadres, dirigeants, grands groupes, outplacement, startupper